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Des rebuts lucratifs : la réduction et l'utilisation des prises accessoires

 

Aujourd’hui, grâce à des recherches appuyées par le CRDI, la capture involontaire de poissons a diminué et davantage de prises accessoires sont transformées pour la consommation humaine. Il y a peu de temps, partout dans le monde, les pêcheurs commerciaux rejetaient à l’eau bon nombre des poissons pris dans leurs filets. Pourquoi ? Parce que ces poissons ne faisaient pas partie des espèces principalement visées et avaient une faible valeur marchande.

Heureusement, au cours des dernières décennies, la quantité de « poissons de rebut » rejetés à la mer et leur proportion par rapport aux prises ciblées ont diminué, grâce en partie à des travaux de recherche novateurs subventionnés par le CRDI au cours des années 1970 et 1980.

Une solution avantageuse pour tous

Les travaux, menés au Guyana et dans d’autres pays, ont contribué à susciter l’intérêt à l’égard de ce problème dans le monde, car on se montrait jusque-là sceptique quant à l’ampleur du gaspillage. Ils ont également favorisé l’essor des méthodes de transformation des poissons de rebut en produits alimentaires attrayants pour la consommation humaine, une solution avantageuse pour tous.

À la différence de la remise à l’eau souvent pratiquée dans la pêche récréative pour assurer la survie des poissons, les prises accessoires que les pêcheurs commerciaux rejettent à la mer périssent. En effet, les poissons sont déjà morts ou sur le point de mourir au moment où ils sont remis à l’eau. Ce gaspillage provoque un épuisement important des stocks de ces espèces, qui sont, malgré leur faible valeur marchande, des éléments essentiels de l’écosystème marin.

Une bonne formule pour les déchets

Bert Allsopp, directeur associé du Programme des pêches du CRDI dans les années 1970, a milité pour faire admettre, à l’échelle internationale, que le rejet des poissons à la mer constituait un important gaspillage de ressources. Il a fait valoir l’idée selon laquelle de meilleures pratiques de pêche et de bonnes méthodes de transformation permettraient de contrer ce gaspillage tout en offrant des occasions d’affaires et une riche source de protéines aux populations des pays en développement.

Des études portant sur le chalutage au Guyana avaient révélé que les crevettes, à forte valeur marchande, ne constituaient qu’un infime pourcentage de l’ensemble des prises comestibles se retrouvant dans les filets, et Bert Allsopp était tout simplement estomaqué de voir la quantité de poissons qui étaient rejetés à la mer.

La précision du message

Les travaux que le CRDI a financés par la suite au Guyana ont visé à analyser pourquoi et de quelle façon on se débarrassait de cette précieuse ressource et à concevoir des méthodes de transformation qui permettraient d’obtenir des produits alimentaires de qualité. Grâce à ce projet, et avec l’aide du laboratoire du Conseil consultatif de recherches sur les pêcheries et les océans, à Halifax, des entrepreneurs ont réussi à mettre au point de nouvelles méthodes de transformation et de nouveaux produits — entre autres, des galettes de poisson et des saucisses de poisson.

Fait plus important encore, le projet a permis de mieux comprendre l’ampleur du problème des prises accessoires et d’inciter vigoureusement le secteur des pêches, à l’échelle internationale, à s’intéresser à la question. En 1980, un court métrage intitulé Pêche secondaire : un cadeau des mers faisait le point à ce sujet pour les artisans des politiques, les scientifiques, les pêcheurs et l’ensemble du milieu du développement.

Une bonne conduite

Les solutions se fondent sur des stratégies complémentaires. Une première stratégie consiste à installer des dispositifs d’exclusion sur les engins de pêche et à avoir recours à d’autres pratiques de gestion afin de réduire la capture d’espèces non ciblées. En second lieu, dans plusieurs zones de pêche, en particulier dans les pays en développement, on conserve les prises accessoires impossibles à éviter, ou du moins une certaine partie d’entre elles, pour les transformer en produits alimentaires — soit précisément ce que les chercheurs appuyés par le CRDI avaient envisagé de faire dans les années 1970.

L’Asie du Sud-Est a accompli des progrès remarquables quant à l’utilisation des prises accessoires. Singapour notamment, pays qui importe 90 % des poissons dont il a besoin, a mis en place une vigoureuse industrie de transformation des poissons et fruits de mer au cours des deux dernières décennies. La pratique répandue de la pisciculture contribue également à réduire les prises accessoires et à assurer la pérennité des espèces.

Bert Allsopp souligne un autre effet durable : la collecte par les États de données fiables sur les prises accessoires et les captures rejetées est désormais un élément fondamental du Code de conduite pour une pêche responsable. La remise à l’eau des prises accessoires n’aurait pas été reconnue comme pratique inacceptable à l’échelle internationale sans les efforts déployés par le CRDI pour faire avancer les choses au Guyana il y a près de 40 ans.

La question des prises accessoires est devenue un enjeu courant au fil des ans. Un public de plus en plus vaste est désormais sensibilisé au fait que le rejet à la mer d’une aussi grande quantité de poissons relève du gaspillage. L’idée sous-jacente au projet exécuté au Guyana était de démontrer que les prises accessoires pouvaient représenter une occasion d’affaires rentable.

Brian Davy, ancien administrateur du Programme des pêches du CRDI