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Quand Vone est entrée à la maternelle dans son village de montagne reculé de la République démocratique populaire lao (RDP lao) en 2015, elle était peu portée à parler et était timide. 

À l’automne, lorsqu’elle a commencé l’école primaire en ville, elle était pleine d’assurance. Grâce au programme d’été, elle se sentait à l’aise dans le milieu scolaire. Les leçons, les jeux et les règles comme le lavage des mains lui étaient désormais familiers. 

Bounsy Pheusavanh, qui enseigne à l’école primaire, dit qu’il voyait une différence chez les enfants inscrits à LEARN, le cours d’apprentissage d’été pour les communautés éloignées mis en œuvre par Plan International et ses partenaires. « Je pense que cela contribue également à développer les compétences sociales des enfants, ajoute-t-il. Vone m’aide toujours à diriger la lecture, la chorale et les jeux. » 

Le projet LEARN a connu un tel succès en RDP lao qu’il est maintenant mis à l’essai au Cambodge et en Tanzanie. Ces trois pays peuvent sembler être des points disparates sur la carte du monde, mais ils partagent des défis similaires pour apporter l’enseignement préprimaire aux enfants les plus difficiles à atteindre. Ensemble, ils sont au cœur du projet de recherche de trois ans soutenu par le Programme Partage de connaissances et d’innovations du Partenariat mondial pour l’éducation intitulé « Adapter, tester et mettre à l’échelle un modèle éprouvé d’enseignement préscolaire d’été au Cambodge, au Laos et en Tanzanie » (le projet LEARN).   

La phase pilote en RDP lao a touché 350 000 enfants de communautés de villages montagneux et isolés situés dans la région nord du pays. Dans ces régions, « il n’y a pas de possibilités d’apprentissage avant le primaire, ce qui représente un obstacle important pour les enfants lorsqu’ils arrivent en première année, » explique Vilasack Viraphanh, qui est responsable de l’éducation et des compétences de Plan International Lao. En plus du fait que beaucoup de ces enfants ne parlent que la langue locale, certains ne s’inscrivent jamais en première année. 

Mais LEARN a apporté ces possibilités d’apprentissage avant le primaire dans les villages, et les résultats étaient prometteurs. 

Selon le rapport d’évaluation du projet LEARN de l’American Institute for Research (AIR), 77 % des enfants participant au projet pilote (79 % de garçons et 75 % de filles) se sont inscrits en première année à temps, contre 63 % des enfants ayant reçu de l’enseignement avant le primaire en RDP lao. Les cours d’été ont également été une occasion d’apprentissage pour les parents.    

« La première chose qu’ils voient, c’est que leurs enfants n’ont pas peur lorsqu’ils arrivent en première année parce qu’ils sont déjà habitués d’apprendre et de rencontrer des camarades et même des enseignants, explique Vilasack Viraphanh. Les parents voient que c’est bien pour leurs enfants d’être avec l’enseignant, parce que l’école est un endroit sûr, et ils ont aussi plus de temps pour aller à la ferme ou pour faire d’autres travaux. » 

Justine Turner, qui est gestionnaire principale de programme de Plan International Canada explique que « ce que nous avons proposé de faire, c’est de prendre ce modèle, dont nous avons maintenant montré qu’il fonctionne dans ce contexte (Laos). Nous voulons voir s’il peut être utilisé dans différents contextes, s’il peut être adapté et si nous aurons des résultats similaires pour ce qui est d’aider les gouvernements à atteindre les régions mal desservies. »  

LEARN Plus touchera 30 communautés éloignées au Laos, au Cambodge et en Tanzanie, et fournira un modèle exploitable aux gouvernements d’ici 2023. « L’intention n’est pas de remplacer l’enseignement avant le primaire, précise Justine Turner. L’idée est que nous pouvons aider les gouvernements à disposer d’une mesure palliative, alors qu’ils tentent de déployer la maternelle universelle. Dans l’intervalle, nous leur suggérons donc d’adopter ce modèle souple et peu coûteux, qui pourrait être utilisé pour atteindre ces communautés jusqu’à ce qu’ils puissent le fournir dans tout le pays. » 

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Young girl clapping her hands.
Plan International
Les classes préprimaires d'été aident à garder plus d'enfants à l'école.

Le KIX vise à renforcer les systèmes éducatifs dans les pays du Sud, et l’un des domaines prioritaires est l’apprentissage précoce. Si les taux bruts de scolarisation (TBS) mondiaux dans l’enseignement préprimaire sont passés de 32 % en 2000 à 50 % en 2017, les progrès ont été inégaux, y compris au sein des pays. Selon les chiffres de l’ONU, le TBS à la maternelle de la RDP lao était de 63 % en 2017, celui du Cambodge de 40 % et celui de la Tanzanie de 43 %.   

En s’appuyant sur l’expérience de la RDP lao, le programme a adopté l’approche suivante : pendant les 10 semaines précédant le début de l’école primaire en septembre, les enfants âgés de cinq ans suivent des cours quotidiens à la maternelle dispensés par les enseignants qu’ils auront en première année. Ils ont des leçons et des activités portant sur le langage, la socialisation, le jeu et les arts, dans un cadre respectueux de l’égalité des sexes. Ils adoptent aussi des habitudes saines comme le lavage des mains. 

Les élèves utilisent des manuels scolaires en langue locale dans le cadre de programmes élaborés par le gouvernement local, les responsables de l’éducation, les enseignants et les experts techniques et du projet. Les salles de classe existantes ou des lieux comme les centres communautaires peuvent être utilisés pour l’apprentissage préprimaire. Les salles de classe, les aires de jeux ou les centres de lecture peuvent être construits par les parents et les habitants du village, comme cela a été le cas en RDP lao. 

Selon Vilasack Viraphanh, les leçons pour reproduire l’approche au Cambodge et en Tanzanie se concentrent sur la valeur de la contextualisation et de la participation locale. « Il est important de reconnaître les divers systèmes de gouvernance politique, et la collaboration avec d’autres partenaires dans l’éducation précoce », dit-il. 

Depuis début 2021, les équipes du projet LEARN Plus de Plan International peaufinent les versions locales pour les déployer au Cambodge et en Tanzanie. Dans les premiers jours, une grande partie du travail consiste à évaluer les besoins et les défis, et à cartographier les villages à inclure en utilisant des indicateurs tels que l’éloignement, la faible densité de population et la disponibilité des services de base.  

Le calendrier est harmonisé avec le calendrier scolaire et la durée des journées d’école au pays (la RDP lao avait des journées de sept heures). Les manuels scolaires sont révisés pour éviter de perpétuer les stéréotypes; par exemple, que les tâches ménagères sont réservées aux femmes et que l’école est plus destinée aux garçons qu’aux filles. 

« Il s’agit de dire : Qu’est-ce que nous avons déjà? Sur quoi pouvons-nous nous appuyer? Parmi l’existant, qu’est-ce qui fonctionne vraiment bien? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas? Il s’agit donc d’une sorte de processus de coconception », a déclaré Justine Turner. « Quels sont les éléments qui empêcheraient les enfants, en particulier les filles, de suivre un enseignement préprimaire? Quelles sont les attitudes des membres de la communauté, du gouvernement? »  

Les travaux sont plus avancés en RDP lao. Selon Vilasack Viraphanh, il y a maintenant des cours de préprimaire d’été dans une cinquantaine de villages d’Oudomxay ainsi qu’à Bokeo, l’une des provinces de la RDP lao les plus diversifiées sur le plan ethnique. Le gouvernement laotien dirige l’expansion, LEARN Plus apportant son soutien à l’analyse des coûts et à la mise en œuvre. Le gouvernement intègre également ces cours dans sa politique d’éducation nationale. 

Faisant partie des pays soi-disant les moins développés, la RDP lao est souvent décrite comme un bénéficiaire de l’aide au développement. Mais elle est à la fois apprenante et enseignante dans le cadre du projet LEARN Plus – et un point de rencontre entre les pays du Sud qui souhaitent mettre à l’essai et développer leurs connaissances en matière de scolarisation initiale et prolongée d’un plus grand nombre de leurs enfants. Avec le Cambodge et la Tanzanie, ces pays sont des laboratoires d’apprentissage dans le cadre d’un programme d’école d’été qui associe des leçons de la vie réelle à une touche locale afin de préparer davantage d’élèves à l’école primaire – et au-delà. 

Media
Une activité de groupe typique dans une classe préprimaire d'été en RDP lao.
Plan International
Une activité de groupe typique dans une classe préprimaire d'été en RDP lao.

 Work is further ahead in Lao PDR. Viraphanh said that the summer pre-primary classes are now in some 50 villages in Oudomxay, as well as Bokeo, one of Lao PDR’s most ethnically diverse provinces. The Government of Lao PDR is taking the lead in expansion, with LEARN Plus providing support in cost analysis and implementation. The government is also integrating these classes into its national education policy. 
 
A so-called least developed country, Lao PDR is often depicted as a recipient of development assistance. But it is both learner and teacher in the LEARN Plus project and is a South-South meeting point for countries to test and build knowledge around getting, and keeping, more of their children in school. Together with Cambodia and Tanzania, these countries are learning laboratories for a summer-school scheme that mixes real-life lessons with a homegrown touch to get more pupils ready for primary school, and beyond. 

Image en haut : Plan International